Monday, October 29, 2007

Stade ASPTT : La survie pour l'euro symbolique


Hasard du calendrier ou signal fort, le sort de nos installations se règle le lendemain de la finale de la coupe du monde avec Bernie en une.

BORDEAUX-CAUDERAN. -- La ville de Bordeaux au secours de l'ASPTT. Elle va lui acheter le stade Lévesque, rénover le gymnase et lui laisser le tout en gestion.
Un espace vert et sportif sauvé : Journal Sud Ouest Jean-Paul Vigneaud

Le stade Lévesque de Caudéran ne sera pas transformé en résidence. Il restera l'espace vert et sportif de deux hectares qu'il est aujourd'hui. Accompagné de Pierre Lothaire, conseiller général du canton et adjoint chargé du quartier et de Joël Quancard, adjoint aux sports, Alain Juppé est lui-même venu l'annoncer hier matin sur la pelouse du stade : « La ville va acheter ce stade pour un euro symbolique. En compensation, elle financera la réhabilitation du gymnase puis reconfiera l'ensemble à l'ASPTT, à titre gracieux, avec un bail emphytéotique de 25 ans. » La fin d'un cauchemar. A la fois pour l'association sportive des postes et télécommunications et pour les habitants du quartier. L'ASPTT se trouvait vraiment devant un mur. N'ayant plus d'argent, il lui fallait absolument vendre son site, comme elle a été contrainte de vendre ces dernières années celui de Martignas. Du coup, les habitants craignaient le pire : que le dernier poumon vert du quartier disparaisse et qu'ils se retrouvent à l'ombre de nouveaux et hauts immeubles.

20 000 m2. Le terrain a de quoi attirer les promoteurs. Il est en plein coeur de Caudéran, il est constructible et offre une surface de 20 000 m2. 3 500 m2, propriété de La Poste, sont actuellement occupés par la maison du gardien et trois courts de tennis et 16 500 m2, appartenant à l'ASPPT, abritent le terrain de rugby ou foot, réglementaire, un gymnase (avec dojo, salle de musculation, etc...), des vestiaires, le club-house et un court de tennis couvert. Les sportifs bordelais connaissent bien les lieux.
Depuis les années 50, période où l'ASPTT s'est installée, des milliers de jeunes et moins jeunes sont passés ici et continuent de le faire. Bien qu'un peu ébranlée, l'ASPTT compte toujours 3 000 adhérents dont un bon millier de jeunes. Pas d'autre solution. Tout cela pouvait-il vraiment disparaître ? « Il y avait bien un projet de création d'habitation », confirme Gérard Serviés, le président de l'ASPTT. Une seule décision pouvait tout bloquer : que la Ville achète le stade. Les riverains l'ont donc réclamé, relayé par les élus du secteur pour ne citer que Pierre Lothaire et les membres de l'opposition municipale, Jacques Respaud en tête. « Ce n'était pas simple. Avec Gérard Serviés, nous avons dû nous rencontrer à plusieurs reprises pour finaliser le projet », précise Alain Juppé. Le domaine de l'ASPPT est le seul, toutefois, à faire l'objet d'un accord à ce jour. « La partie appartenant à La Poste reste à vendre. Nous ne pouvons absolument pas l'acquérir au prix exigé à ce jour. Nous allons voir ce que nous pouvons faire », note le maire. Satisfaits. Cette annonce fait des heureux. Les riverains en premier lieu. « Nous sommes satisfaits. Ca répond parfaitement à notre attente », souligne Marc Guion de Méritens, président du comité de quartier. Le président de l'ASPTT, Gérard Serviés, évidemment aussi. « Que pouvait-on espérer de mieux ? », dit-il. Le stade va rester ce qu'il est, le gymnase va être totalement rénové, l'ASPTT va pouvoir rester sur place, ce qui est fort important pour son image. Et du même coup les quelque dix salariés qui travaillent ici vont pouvoir conserver leurs emplois. Avec moins de soucis financiers au passage, la ville promettant encore de soutenir l'association en participant au fonctionnement (100 000 euros par an) et facilitant la pratique sportive, avec maintien des subventions jusque-là accordées.

L'ASPTT abandonnée par ses parrains

L'Association sportive des postes et télécommunications de Bordeaux n'est pas la seule confrontée à d'énormes problèmes financiers. Avec l'obligation, pour survivre, de vendre tous ses biens et de trouver de nouveaux partenaires. Toutes les associations sportives portant le sigle PTT en France vivent le même drame. La raison : l'ASPTT a été totalement abandonnée par France Télécom et La Poste, ses parrains pourtant logiques. Créée par des postiers pour les postiers, l'association a été longtemps financée par les PTT. Puis par France Télécom et La Poste lorsque les deux services se sont séparés. Un soutien efficace jusqu'en 2000 environ. « C'est là que les choses se sont gâtées », précise Gérard Serviés, le président de l'ASPTT Bordeaux : « France Telecom et la Poste ont commencé à diminuer leur aide jusqu'à la réduire à zéro cette année. » L'ASPTT n'a ainsi plus aucun lien avec France Télécom et La Poste. Seul le nom rappelle un attachement, mais ce nom sera-t-il conservé ? Dans un premier temps probablement, mais dans 10-15 ans, c'est bien moins sûr. Sauf si, en Gironde, les dirigeants ne veulent pas interrompre l'histoire. Créée en 1898, l'ASPPT de Bordeaux est non seulement le plus ancien club ASPTT de France mais aussi l'un des vieux clubs sportifs de la Gironde.